Qu’est-ce que le Cloud et pourquoi est-il devenu incontournable pour les entreprises ?
Le Cloud, c’est avant tout un nouveau modèle de consommation de l’informatique. Plutôt que d’acheter, installer et maintenir ses propres serveurs, on accède à distance à des ressources informatiques, comme de la puissance de calcul, du stockage ou des services applicatifs via Internet, et à la demande.
Ce modèle apporte une grande souplesse, une capacité à évoluer rapidement et un accès facilité à des technologies innovantes. C’est une réponse directe aux besoins d’agilité et de performance des entreprises modernes.
Au fil des années, le Cloud s’est imposé comme un pilier des systèmes d’information, au point qu’aujourd’hui, rares sont les organisations qui n’utilisent pas, d’une manière ou d’une autre, des services Cloud.
La « souveraineté numérique ». Pourquoi ce sujet revient-il aussi fortement aujourd’hui ?
Parce que le Cloud concentre désormais des données critiques, des applications essentielles, des flux métiers stratégiques. Et que dans un contexte international tendu, il devient crucial de savoir qui maîtrise ces données, où elles sont stockées, et sous quelle juridiction elles se trouvent.
La souveraineté numérique, ce n’est pas une posture politique ou idéologique. C’est une question de maîtrise. De capacité à continuer à fonctionner, à protéger ses informations, même en cas de crise géopolitique ou de conflit juridique entre États.
Le Cloud rend-il les systèmes d’information plus vulnérables ?
C’est une affirmation simpliste. Le Cloud, mal utilisé, peut effectivement poser des risques. Mais bien conçu, il offre des niveaux de sécurité bien supérieurs à ceux que beaucoup d’entreprises peuvent mettre en place seules.
La clé, c’est l’accompagnement. Le Cloud, ce n’est pas juste louer de la capacité serveur. C’est une approche globale : architecture, supervision, sécurité, gouvernance.
Pour imager : rouler dans une voiture de sport, c’est risqué si vous ne savez pas la piloter. Mais si vous êtes accompagné par un professionnel – disons, un Sébastien Loeb du Cloud – c’est tout de suite plus sûr et plus efficace.
Les hyperscalers américains sont-ils aujourd’hui incontournables ?
Je dirais qu’ils sont dominants, mais pas incontournables. Leur avance technologique est indéniable, mais elle est aussi le fruit d’une stratégie politique et économique volontariste.
Pendant que les États-Unis soutenaient massivement leur filière tech, l’Europe est restée plus spectatrice. Résultat : nous avons formé une génération entière – moi y compris – sur des technologies américaines, sans suffisamment envisager d’alternatives.
Mais des alternatives existent. Et il est temps de les soutenir, pas uniquement par patriotisme économique, mais pour préserver notre autonomie stratégique.
Les offres « Cloud souverain » lancées par Microsoft ou Amazon en Europe sont-elles une vraie solution ?
Ces offres sont souvent bien présentées, mais le problème n’est pas technique, il est juridique. Les entreprises américaines, même à travers leurs filiales européennes, restent soumises à des lois extraterritoriales comme le Cloud Act ou le FISA 702.
Ces lois permettent à l’administration américaine d’exiger l’accès à certaines données, sans nécessairement en informer le client.
Donc non, même si les serveurs sont en Europe et même si l’interface est en français, ce n’est pas souverain. Il faut appeler les choses par leur nom, et éviter ce que certains appellent le sovereign-washing.
La certification SecNumCloud suffit-elle à garantir la souveraineté ?
SecNumCloud est une très bonne initiative, et un référentiel exigeant en matière de sécurité. Il permet d’élever le niveau global des offres Cloud françaises.
Mais il faut comprendre que cette certification évalue la conformité technique et organisationnelle, pas totalement la souveraineté juridique.
Une entreprise peut être certifiée SecNumCloud et rester exposée à des lois étrangères si elle est détenue par une maison mère hors d’Europe. C’est une distinction importante, qu’il faut bien expliquer aux clients.
D’ailleurs nous-même, nous allons déposer prochainement un dossier de candidature car nous sommes convaincu que cette qualification nous permettra de mettre notre savoir-faire au service des institutions publiques françaises.
Comment faire les bons choix en matière de Cloud et de souveraineté ?
Elles doivent poser les bonnes questions :
Où sont réellement stockées mes données ?
Qui peut y accéder, et sous quelle juridiction ?
Mon fournisseur est-il en capacité de maintenir ses services en cas de crise ?
Et surtout, elles doivent savoir qu’il existe des alternatives locales : des acteurs français ou européens qui offrent des solutions robustes, compétitives et réellement maîtrisées.
Ce n’est pas une démarche de repli. C’est une démarche de lucidité. Et parfois, c’est un simple bon sens économique : un prestataire local, proche, réactif, peut offrir une meilleure qualité de service qu’un géant mondial, même très réputé.
Un dernier mot pour conclure ?
Le débat sur le Cloud et la souveraineté ne doit pas se résumer à une opposition caricaturale entre “innovants” et “réfractaires”. Il faut dépasser les slogans, regarder les faits, et rester exigeants sur les offres proposées.
Chez Cloudéo – Groupe OCI, c’est exactement ce que nous défendons : un Cloud performant, transparent et maîtrisé, aligné avec les enjeux concrets des entreprises françaises.
Je crois à un numérique ouvert, mais pas naïf. Un numérique agile, mais pas dépendant. Un numérique souverain, mais pas fermé. C’est cette voie d’équilibre que nous devons construire ensemble.